D’après l’ADEME, 10 millions de tonnes d’aliments encore consommables sont jetés chaque année, en France. Ce gaspillage alimentaire représente un enjeu environnemental, économique, éthique et social. Mais alors quels sont ces aliments gaspillés, pourquoi et que deviennent-ils ?
La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et l’ADEME différencient les pertes alimentaires et le gaspillage alimentaire. En effet, la perte alimentaire a lieu de la récolte jusqu’avant la vente au détail. Une perte est due à des contraintes économiques, logistiques, réglementaires ou encore techniques. Le gaspillage alimentaire a lieu de la vente au détail, jusqu’à la consommation (nourriture jetée par les commerçants et les consommateurs). Cela correspond à de la nourriture jetée qui aurait pu être évitée.
Qu’est-ce-qui est jeté et pourquoi ?
Les premières pertes ont lieu lors de la production de matières premières. Elles peuvent êtres dues à de mauvaises conditions climatiques, à une méthode de récolte non adaptée ou encore à un moment de récolte inapproprié. Un premier tri peut avoir lieu à ce moment notamment pour les fruits et légumes. Ces derniers doivent correspondre à des normes esthétiques et bactériologiques. En effet, beaucoup de fruits et légumes sont jetés ou déclassés et considérés comme « hors calibres ». Cela signifie qu’ils ne correspondent pas aux normes car ils sont trop petits, n’ont pas une forme commune…
Lors de la production de produits finis (au sein d’entreprises agro-alimentaires), il peut y avoir des pertes dues à une surproduction. Mais également à cause d’erreurs dans la recette ou dans sa mise en œuvre (oubli d’un ingrédient, surcuisson…). Ces aliments sont alors considérés comme invendables. De plus, il peut y avoir des pertes qui sont dûes au processus de fabrication. Par exemple, lors de la fabrication de farine blanche l’enveloppe du grain de blé (le son) est retirée. C’est ce qu’on appelle un coproduit (c’est d’ailleurs l’une des pertes alimentaires que nous avons décidé d’utiliser dans les recettes de nos biscuits anti-gaspi). Une mauvaise gestion du stockage peut engendrer du gaspillage (date de péremption trop proche pour être distribuée, rupture de la chaîne du froid…).
Il existe également des pertes inévitables car ces déchets ne sont pas consommables. Par exemple les noyaux d’olives ou les coquilles d’œufs. Ces pertes ne peuvent pas être valorisées en alimentation humaine, mais elles peuvent l’être dans d’autres secteurs (cosmétique, mobilier, etc).
Lors du transport entre le lieu de production et le lieu de vente, les produits et emballages peuvent être malmenés et abimés. Cela peut les rendre invendables. On parle ici de gaspillage !
Les commerçants peuvent jeter leurs aliments à cause d’un mauvais aspect ou d’une date de consommation dépassée. Mais aussi à cause d’une mauvaise gestion des stocks ou d’une rupture de la chaîne du froid. Lorsqu’un produit respectant toutes les normes a été proposé à la vente et n’a pas trouvé d’acheteur, on parle alors d’invendu et il s’agit de gaspillage.
Le consommateur, quant à lui, jette la nourriture pour les mêmes raisons que chez le commerçant. Des produits abimés ou date de péremption dépassée. Mais cela peut aussi provenir de restes de repas non consommés.
Que deviennent ces pertes ?
Selon le Ministère de la Transition Ecologique, les biodéchets mis en décharge fermentent et produisent du méthane contribuant au réchauffement climatique. L’incinération de ces derniers entraine de la production de CO2, ce qui a le même effet. Il est donc plus judicieux de se servir de ces biodéchets en agriculture. D’autant plus que depuis le 1er janvier 2012, les producteurs de biodéchets (comme les industries agro-alimentaires) ont l’obligation de les trier (Article R543-226 du code de l’environnement).
En les compostant industriellement, il est possible d’alimenter les sols agricoles. Certains biodéchets comme les co-produits ou les fruits et légumes hors calibres peuvent être revalorisés en alimentation humaine ou animale. Les déchets ne pouvant servir pour le compost ou pour l’alimentation animale sont méthanisés (transformés en énergie).
Quelles solutions sont mises en place pour éviter ces pertes ?
Certains commerces alimentaires s’engagent dans la lutte contre le gaspillage alimentaire en créant des zones dites « anti-gaspi ». Ils y vendent des produits en dates courtes ou abimés à prix réduits, afin que ces derniers ne finissent à la poubelle. D’autres enseignes se lancent dans la vente de fruits et légumes dits « moches ». Ce sont des produits consommables mais qui ne correspondent pas aux normes. De plus en plus d’industriels de l’alimentation essayent de revaloriser leurs coproduits en les vendant à des agriculteurs ou aux consommateurs. C’est le cas pour l’okara de soja (pulpe de soja obtenue après production de jus de soja), le son de blé…
De notre côté, chez In Extremis nous récupérons du son de blé qui est un coproduit, des cerneaux de noix invalides/déclassés et du pain invendu que nous séchons et broyons pour en faire des biscuits. Découvrez notre démarche juste ici.
Comment limiter le gaspillage alimentaire chez vous ?
Pour finir, nous souhaitions vous partager quelques astuces pour limiter le gaspillage chez vous et chez votre commerçant.
- Lorsque sur un produit, la mention « A consommer de préférence jusqu’au » est indiquée devant la date de péremption, alors c’est qu’il s’agit d’une DDM (Date de Durabilité Mminimale). Cela veut dire que le produit est encore bon de nombreux jours après cette date. Il sera peut-être juste un peu moins croustillant ou goûtu. Vous pouvez donc acheter et consommer des produits dont la DDM est dépassée.
- Si vous entamez un produit qui se consomme sur plusieurs jours (exemple : bouteille de lait), écrivez sur l’emballage la date à laquelle vous l’avez ouvert afin de savoir jusqu’à quand vous pouvez le consommer.
- Avant d’aller faire vos courses, regardez ce qu’il vous reste dans vos placards et votre frigo. Vous éviterez d’acheter des produits et aliments que vous avez déjà et de sur-consommer. Préparer une liste de courses en fonction des repas prévus pour la semaine. Vous n’achèterez que le nécessaire et vous évitez de jeter des aliments car leur date de péremption est dépassée.
Vous souhaitez vous informer et vous engager davantage dans la lutte contre le gaspillage alimentaire ? Nous vous partageons de nombreux autres conseils et astuces anti-gaspi et zéro-gaspillage, ainsi que des recettes anti-gaspi sur notre librairie en ligne.